Un drôle de poisson !
Dans la nuit du 31 mars au 1er avril 1985, des sacs de toiles sont déposés au portail du Refuge de l’Arche. Ils y sont découverts par les jeunes bénévoles de l’association vers huit heures du matin. Ils ne contiennent pas des poissons… En effet, les sacs bougent et les «découvreurs» pensent qu’il s’agit de chiens ou de chats lâchement abandonnés là. Les sacs sont alors emmenés dans un local. Le premier est ouvert, laissant s’échapper un jeune babouin complètement affolé, squelettique, pratiquement sans poils et les yeux hagards.



C’est ainsi que ce jour-là, le Refuge récupère sept babouins, sans force et ne pouvant même plus grimper au grillage de leur parc improvisé. « Ce qui était impressionnant, se souvient Christian Huchedé, c’est qu’ils ne communiquaient pas : aucun cri, aucun gémissement. Ils restaient prostrés. Un cirque était passé quelques jours plus tôt, ce qui pouvait expliquer la présence et l’abandon de ces singes. Les jeunes de l’association s’en sont beaucoup occupés, leur réapprenant, par exemple, à ouvrir une banane et à reprendre confiance en ceux qui leur apportaient la nourriture chaque jour. Là, les primates ont commencé à prendre du poids, puis à communiquer par des mimiques, à émettre des sons et des cris puis à « s’épouiller ». C’est alors qu’ils ont été placés avec d’autres babouins arrivés bien avant eux au refuge. Ce n’est que deux ans plus tard que nous avons appris que ces singes avaient été kidnappés dans un laboratoire par des amis des animaux qui souhaitaient ainsi dénoncer les abus de certains scientifiques. Plusieurs de ces babouins étaient expérimentés à l’aide d’électrodes fixées dans le cerveau afin de provoquer artificiellement, par des décharges électriques, des crises d’épilepsie.



Depuis, ce groupe important d’une soixantaine de babouins rouges est composé de sept clans familiaux qui vivent sur des îles aménagées au milieu du plan d’eau. Ils sont devenus une véritable attraction pour les visiteurs. Leur organisation de groupe, leur communication par les cris, les gémissements et surtout les séances « d’épouillage » ou leurs querelles parfois, intéressent énormément les humains qui aiment à les observer. Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé… »