C’est sans doute le plus scandaleux des commerces d’animaux en France. Ces tortues nées dans des fermes d’élevage aux États-Unis sont expédiées alors qu’elles ne mesurent que quelques centimètres de diamètre.
On les trouvait encore dans toutes les animaleries voici quelque temps, bien en vue, pour attirer le regard des enfants. Ces derniers arrivent facilement à convaincre les parents d’acheter ces jolies petites tortues. Et puis tout est prévu : le bac en matière plastique avec un escalier et un palmier au milieu. Bien sûr, comme une tortue seule s’ennuierait, on en achète plutôt deux, voire trois qu’on installe carrément sur un meuble. Puis elles grossissent et finissent par s’évader régulièrement. Alors, on passe beaucoup de temps à chercher les tortues derrière les meubles. Au bout d’un moment, lassé de cette recherche journalière, on retourne acheter un aquarium, puis un chauffage, puis un filtre pour l’eau. Ensuite, les tortues continuent de grossir, elles finissent par atteindre la taille d’une assiette et la nuit, lorsqu’elles se déplacent dans l’aquarium, elles font du bruit en tapant dans les vitres, ce qui empêche les propriétaires de dormir. On décide alors de s’en débarrasser mais les lieux d’accueil dans l’hexagone sont rares. Le Refuge de l’Arche a créé spécialement une maison des tortues.
Malheureusement, le plus souvent, les gens les lâchent dans les cours d’eau. En France, tous les ruisseaux, rivières, étangs, lacs sont aujourd’hui peuplés de tortues de Floride. Dans notre pays, la seule tortue aquatique d’Europe, la cistude (photo ci-contre), est menacée de disparition par l’introduction de la tortue de Floride, beaucoup plus destructrice du milieu naturel et surtout bien plus agressive. Cela démontre bien, et confirme, que l’introduction dans un milieu naturel d’une espèce exotique peut amener la disparition d’une autre espèce sédentaire avec tous les risques écologiques qui en découlent. Aujourd’hui, heureusement, l’importation de la tortue de Floride est interdite. Elle est remplacée par les tortues péloméduses, originaires d’Afrique, qui, de ce fait, ne pourront probablement pas s’adapter dans la nature française si elles y sont abandonnées.